Pour revenir à l’esprit du web, soyons (beaucoup) plus curieux !

Cet article fait partie du dossier « numérique alternatif et alternatives numériques »

Hier, mon site a enregistré 4 fois plus de visites que d'habitude. Le responsable de ce pic, mon cours de culture numérique, qui avait été partagé sur Facebook. Ça arrive de temps en temps, et ça fait toujours plaisir.

Ce qui m'a intrigué cette fois, c'est le « comportement[efn_note]Le comportement est un terme utilisé dans les analyses de sites web pour étudier ce que font les visiteurs, quelles pages ils consultent, combien de temps, etc. En ce qui me concerne, j'utilise ces statistiques pour comprendre quels articles intéressent les visiteurs. Ceci dit, je précise que ça n'a jamais influencé mes sujets d'écriture[/efn_note] » des visiteurs sur mon site. La quasi-totalité est arrivée sur la page de mon cours de culture numérique, où je partage mes supports de cours, des activités, une bibliographie/sitographie et une curation de ressources[efn_note]Le tout en Creative Commons[/efn_note]. C'est une page utile et qui commence d'ailleurs à être bien référencée.

Mais malgré cet intérêt apparent pour mon travail, quasiment aucun de ces visiteurs n'a parcouru le reste de mon site. Que ce soit mes différents articles, mon autre cours d'économie numérique, mes formations de culture numérique, pourtant tous partagés dans la même logique et traitant de sujets connexes. Guère plus n'a quitté mon site pour se diriger vers un autre, en utilisant un des nombreux liens externes que je propose. Et aucun, absolument aucun, n'a eu la curiosité de se renseigner sur l'auteur (donc moi héhé) en se dirigeant sur la page à propos, pourtant accessible directement depuis le menu du site.

En y réfléchissant, je me suis rendu compte que ce comportement de visite était systématique. Comme je ne m'en formalise pas, je ne l'avais simplement pas relevé. Si je le fais maintenant, c'est que cela a fait écho à la conclusion que j'ai donnée lors de ma dernière formation. J'y encourageais, comme à chaque fois, mes interlocuteurs à être curieux et critiques[efn_note]Au sens de l'esprit critique[/efn_note] dans leur rapport à leurs écosystèmes numériques. Et à encourager leurs propres interlocuteurs à faire de même.

Car le web a bien changé depuis ses débuts. Et nous, nous avons peut-être cédé à la facilité offerte par certaines plateformes, et perdu de notre curiosité. Prenons deux exemples, la recherche sur le web et l'accès à l'information.

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État des lieux des enjeux technologiques dans l'éducation en 2020

Pour conclure cette année 2020, je vous propose de faire un état des lieux de certains enjeux posés par l'utilisation croissante des technologies, principalement numériques, dans l'éducation.

Si cette année de pandémie aura été chargée à tous les points de vues, elle aura incontestablement provoqué un bond en avant décisif pour les Edtech[efn_note]Les technologies de l'éducation, qui désignent l'ensemble des nouvelles technologies permettant de faciliter l’enseignement et l'apprentissage[/efn_note]. Pour le meilleur[efn_note]La période de confinement et d'enseignement à distance a été l'occasion de très beaux projets grâce aux technologies numériques[/efn_note], mais aussi pour le pire. Une telle période de crise étant susceptible de favoriser une « stratégie du choc[efn_note]Concept popularisé par l'essai de Naomi Klein, La Stratégie du choc : la montée d'un capitalisme du désastre[/efn_note] », il parait plus que jamais nécessaire de (ré)interroger le sens et la place que doivent prendre ces technologies dans l'éducation. Je me limiterai ici à l'enseignement scolaire et supérieur, n'ayant pas assez de recul et de connaissance du monde de la formation.

Je précise d'emblée que le but de cet article n'est pas de porter un discours technophobe ou de faire peur. En revanche, je suis profondément convaincu que la fuite en avant technologique poursuivie actuellement « parce que c'est le sens du progrès » doit s'achever, alors que nous arrivons peut-être à l'âge de raison du numérique. Il nous faut maintenant réfléchir, non plus à ce que les technologies pourraient faire ou ne pas faire pour nous, mais à ce que nous voulons qu'elles fassent ou pas.

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Le freelance, le privilégié et le covid

Cela fait un petit moment que je ne suis pas revenu sur mon activité indépendante[efn_note]Précisément le 23 avril 2019 pour un article sur le freelance et les conflits d'intérêt[/efn_note]. Un an et demi en fait.

J'avais l'impression d'avoir fait un peu le tour de la question : ce que ça voulait dire d'être freelance, quels étaient les outils utiles, les différences entre freelance et salarié (un article qui étonnamment ramène un trafic substantiel sur ce site). J'ai aussi écrit sur deux sujets qui me tenaient à coeur, le syndrome de l'imposteur (dont je suis atteint comme 60% des gens), et les conflits d'intérêts.

Bref, je pensais que le sujet était à peu près clos, et qu'à la rigueur je publierais de temps en temps des petits bilans. Mais ça, c'était avant le COVID :)

Si la vie d'un indépendant n'est déjà pas un long fleuve tranquille, la crise actuelle du covid-19 a eu l'effet d'une violente crue, abimant tout sur son passage. Déjà précaires pour la plupart[efn_note]Ils n'ont pas de droit au chômage, ils ont peu d'avantages défiscalisés type tickets restaurant, 13ème mois, intéressements, ils ont plus de difficultés à louer ou acheter un appartement, à obtenir des prêts, etc.[/efn_note], les freelances sont particulièrement touchés, quoique très inégalement.

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Du concept de « fracture(s) numérique(s) » à celui de capital numérique ?

Cela fait quelque temps maintenant que je travaille autour de questions d'inclusions, d'éducation, d'acculturation au numérique.

En cette rentrée difficile où les technologies numériques sont, c'est peu de le dire, au-devant de la scène, j'ai eu l'occasion de travailler sur un programme très ambitieux de médiation numérique, pour le compte d'un gros acteur national. Je ne peux pas en dévoiler davantage, c'est encore un secret :)

Toujours est-il que pour concevoir ce programme, un élément fut essentiel : passer du concept largement controversé de « fracture(s) numérique(s) » pour lui préférer celui de capital numérique.

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