N'est-il pas (enfin) temps de boycotter massivement les big tech américaines ?

Le 4 mars (jour de mon anniversaire), entre deux moments de sidération face à l'actualité internationale, j'ai commis un nouvel article : Il devient urgent de boycotter les services numériques américains.

Quel début d'année. Quel cauchemar. Entre deux délires de Donald Trump, et Elon Musk qui s'ingère dans les élections européennes, voilà que Mark Zuckerberg (dont le groupe Meta capte quand même un peu plus de 3 milliards d'humains, X joue dans une autre cour avec ses 250 millions d'utilisateurices actif·ves), décide lui aussi de rejoindre la danse.

C'est dans une vidéo absolument lunaire qu'il nous explique, au calme, sa vision de notre entrée « dans une ère nouvelle », et sa décision d'éliminer les fact-checkers du processus de modération des contenus partagés sur ses plateformes, de « simplifier [les] principes de régulation et éliminer différentes restrictions », ou encore de travailler avec Trump pour mettre la pression sur les pays (l'UE au premier chef) qui tentent de réguler les big tech américaines...

N'oublions pas que lire des articles de presse est la troisième raison d'utiliser des médias sociaux1, après le fait de rester en contact avec ses proches et remplir son temps libre. Qu'on s'en félicite ou qu'on s'en inquiète (personnellement, ça me pose un problème en effet, surtout si les infomédiaires prennent trop de place dans la stratégie d'accès à l'information), c'est un fait.

Si X est un cloaque de politiques et de journalistes qui se parlent en circuit quasi fermé, encerclés par des comptes passifs, des bots, des trolls et des militants (je caricature à peine), les plateformes de Meta (Facebook, Instagram, Whatsapp) sont quant à elles autrement mainstream. Touchez à la modération avec de telles audiences, et les dégâts seront terribles. Que ce soit pour l'accès à une information de qualité. Mais aussi pour garantir à chacun·e un espace sécurisé pour pouvoir s'exprimer sans crainte. Pour imaginer l'ampleur que pourraient prendre les dégâts, il suffit de repenser à quelques scandales ayant touché Facebook et le reste du groupe Meta2 : Cambridge Analytica et l'ingérence sur le Brexit ou la première élection de Trump (mais également de très nombreuses autres élections dont on a moins parlé, dans des pays non occidentaux), le massacre des Rohingya au Myanmar. Les déclarations de Frances Haugen ou celles beaucoup moins médiatisées de Sophie Zhang. La liste est interminable.

Si vous me lisez, vous savez que ma conviction est faite depuis longtemps. Le groupe Meta est toxique. X est toxique. Dans leur grande majorité, les big tech de la Silicon Valley sont toxiques. Elles ont, j'en suis sincèrement convaincu, atteint un point de non-retour économique, politique et idéologique, que rien ne pourra corriger. Pas même la seule régulation européenne, puisqu'on voit qu'alors que la pression monte sur l'UE, elle semble déjà prête à se coucher. Les lobbyistes de la tech US sont partout à Bruxelles. Il est temps de se réveiller, individuellement et collectivement. Il est temps de boycotter massivement ces plateformes, dans tous les espaces possibles, et leur préférer des alternatives (numérique ou analogiques) qui nous respectent.

Image à la une : Le bus dans lequel Rosa Parks est montée le 1er décembre 1955, sur Wikipédia

Notes de bas de page

  1. Source : Digital Report de We are social, page 221
  2. Il existait jusqu'à peu un site qui listait le nombre de jours écoulés depuis le dernier scandale de Facebook. Hélas, ce site d'utilité publique semble HS. Si quelqu'un le retrouve ou l'héberge, je serais preneur.

Lire aussi

Le numérique est politique, et les organisations d’intérêt général ont toutes les raisons de s’y intéresser !

Le web progressiste aurait intérêt à migrer sur Mastodon, pas sur Bluesky

Transformer le numérique : des pistes pour un alternumérisme radical

Cet article a été mise à jour le 12 juin 2025