Budget 2025 : où va l'inclusion numérique ?

Quand j'ai écrit cet article, j'avais déjà reçu des alertes concernant le financement du dispositif Conseillers numériques. Ces alertes se renforcent, en témoigne cet article d'Acteurs publics. Si le budget prévu était acté, cela acterait un recul majeur dans l'action de médiation numérique portée par l'État.

Mais, et c'est plus grave à mon sens, ce revirement confirme ce que j'ai toujours observé et regretté : l'éducation au numérique de la population, au sens d'une éducation politique et émancipatrice à la culture numérique, celle qui donne du pouvoir d'agir aux citoyen⋅nes d'un monde numérique, n'a jamais été une volonté politique, encore moins une priorité de l'État. Son action s'est limitée à de l'inclusion numérique de première nécessité et, soyons clairs, à de l'accès aux droits (et aux devoirs) rendus difficiles ou impossibles du fait de la numérisation ultrarapide et très inégale des services publics.

À l'heure où l'on parle (jusqu'à en vomir) d'intelligences artificielles, de souveraineté numérique, de French Tech, cela n'a aucun sens… Il est temps que l'État et ses partenaires (les collectivités territoriales, le monde économique) réalisent que, sans une éducation au numérique réellement ambitieuse et qui fasse la part belle à la culture numérique et aux pratiques numériques capacitantes (pas que les démarches administratives donc), le fossé entre celles et ceux pour qui le numérique est émancipateur et choisi, et celles et ceux pour qui le numérique est aliénant et subi, va s’accroître, et les inégalités s'amplifier. Provoquant colère sociale, rejet et peur du numérique (plus largement, des nouvelles technologies), vote pour l'extrême-droite. Jusqu'à ce que la digue cède totalement…

EDIT 24/10 : je me joins au communiqué de la Mednum qui s'inquiète légitimement et avec des arguments complémentaires aux miens de cette coupe budgétaire.

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