Après de nombreux retours et quelques échanges passionnants (merci !!), voici un extrait de mon précédent article1 pour solidifier une proposition de manifeste pour définir un alternumérisme radical. Ce manifeste est largement réappropriable et encore perfectionnable, voyez ça comme une V1. Nous pouvons définir les versions suivantes ensemble, si vous êtes intéressé⋅e, n’hésitez pas à me contacter.
L’alternumérisme radical vise à développer un numérique acceptable : soutenable socialement et écologiquement, émancipateur et non aliénant, choisi et non subi2.
L’alternumérisme radical intègre dans sa vision la nécessité de l’arrêt de la numérisation effrenée du monde, et la dénumérisation de certain⋅e⋅s technologies, outils, équipements et processus. Un « autre numérique », c’est parfois pas de numérique du tout.
L’alternumérisme radical vise à concevoir et à mettre en place des processus démocratiques (consultations, débats, discussions, convention citoyenne, processus de vote) permettant de décider collectivement des futurs numériques acceptables, en lien avec les limites écologiques et sociales du monde. C’est seulement à l’échelle politique qu’un numérique acceptable, de même qu’une société plus sobre et résiliente, peut se décider et réellement voir le jour.
L’alternumérisme radical se défie de tout solutionnisme technologique. Ce n’est pas le numérique qui résoudra quoi que ce soit, ni les problèmes actuels du numérique, ni la crise écologique, ni la démocratie, ni les conflits entre les pays.
L’alternumérisme radical a conscience que le numérique amplifie les inégalités sociales multiples, mais pour autant, ne confond pas l’amplificateur et la cause. Le numérique n’a pas créé la violence, les inégalités sociales ou les rapports de pouvoir. Mais il les amplifie, et parfois, les transforme. Par ailleurs, comme beaucoup d’autres industries, le numérique repose sur toute une filière qui exploite méticuleusement et délibérément le vivant.
L’alternumérisme radical aspire à une critique profonde des technologies numériques sans pour autant verser dans un discours réactionnaire qui laisserait croire notamment que « tout était mieux avant ».
L’alternumérisme radical n’est pas technocentré, il se pense et se définit à l’entrecroisement et au service de nombreuses autres luttes : anticapitalisme, féminisme, antiracisme (et toutes les luttes pour l’égalité et contre les discriminations), justice sociale, écologisme… De la même manière, l’alternumérisme n’adviendra pas sans une profonde transformation de systèmes politiques et économiques.
Ce manifeste est, comme tout ce qui est publié sur ce site, sous licence CC BY SA.
Notes de bas de page
- Transformer le numérique : des pistes pour un alternumérisme radical
- Un article dédié est prévu pour définir bien plus largement chacun de ses termes et le sens que je leur donne. J’ai bien conscience qu’ils sont actuellement polysémiques, et donc insatisfaisants en l’état