Ce schéma provient de la présentation que j’ai faite aux formateurices de la HEP Valais en janvier 2023. Il s’agit d’une contribution à la réflexion sur l’éducation (ou la formation) au numérique, je suis très preneur de retours et d’améliorations.
Je propose dans ce schéma de découper l’éducation au numérique en trois grandes parties.
Les compétences numériques et informatiques
Les compétences numériques et informatiques, qui mènent principalement à l’employabilité et aux besoins de la vie quotidienne. Elles incluent des métacompétences (comprendre comment fonctionnent différents réseaux sociaux), des compétences périssables (savoir utiliser une version d’un logiciel de bureautique, savoir paramétrer les réglages de confidentialité d’un réseau social). Enfin, je distingue compétences de pratiques et compétences d’usages. Je développe cette distinction dans un article partagé ci-dessous.
Lire mon article : Éduquer au numérique d’accord. Mais pas n’importe lequel et pas n’importe comment – Partie 2 : l’enseignement scolaire
Les humanités numériques
Ensuite viennent les humanités numériques, qui mènent à la littératie et la culture numériques. Il ne s’agit pas seulement de savoir comment utiliser des ordinateurs ou autres objets numériques, mais de comprendre, comme le promeuvent par exemple Anne Alombert et le CNNUM, « les enjeux (épistémiques, anthropologiques, sociaux, politiques, économiques, écologiques) de la révolution industrielle en cours ».
Pour le dire simplement, on n’a pas forcément besoin de savoir programmer (compétence), pour pouvoir appréhender le contexte socio-technique qui régit nos systèmes numériques actuels.
Lire mon article : Former le citoyen d’une société numérique – Interview de Anne Alombert pour Educatech
Le pouvoir d’agir
Enfin, pour dépasser la littératie numérique et aboutir à une véritable pouvoir d’agir (donc une capacité pleine et entière de citoyen⋅ne), je propose d’ajouter la notion de débat, de critique des technologies actuelles (limites de soutenabilités, questionnement du progrès, politisation des choix technologiques, etc.), et de réflexion sur des alternatives. Il s’agit d’une réflexion critique qui n’est pas seulement nécessaire dans l’éducation au numérique, au passage.
Ainsi, pour paraphraser Bernard Stiegler et reprendre ce qui est devenu progressivement un de mes messages clés : « comprendre le numérique pour pouvoir le critiquer et le transformer ». J’ajouterais presque, dans certains cas, pouvoir y renoncer.
Ce schéma est partagé en CC BY SA. Vous pouvez le modifier avec l’outil libre Diagrams. N’oubliez pas que si vous le modifiez, vous devez le repartager sous licence CC BY SA. Je serai ravi de la publier sur ce site pour faire évoluer la réflexion.
Mises à jour du schéma
Quelques ajouts de références et autres travaux en lien, plus des l’état des mises à jour du schéma et les crédits associés. Merci beaucoup à toutes et tous pour le partage !
- Rajout de « pouvoir d’agir » comme objectif d’une « réflexion critique et émancipatrice ». Merci Emmanuel Letourneux 🙂
- Ajout de vie quotidienne à côté d’employabilité pour correspondre aux objectifs des compétences numériques. Ajout de culture numérique comme objectif des humanités numériques, en plus de la littératie. Merci Jonathan Tessé.
- Ajout de compétences numérique ET informatiques. Remplacement de citoyenneté par pouvoir d’agir comme objectif. La citoyenneté étant un objectif transversal aux trois strates de l’éducation au numérique. Merci Lyonel Kaufmann


Autres outils de réflexion sur l’éducation au numérique
Schéma et mémoire de Jonathan Tessé
Merci à Jonathan Tessé d’avoir partagé son propre schéma, proposé dans le cadre de son travail sur la culture numérique des collégiens.

C’est intéressant que le regard critique sur les relations technologies numériques/sociétés arrivent à ce stade du schéma (dans la posture réflexive). Dans mon schéma, c’est l’étape qui vient encore après le partage de la connaissance, la coopération, l’inclusion (qu’on peut voir comme des compétences d’ailleurs). Je pense que la dimension « réflexion critique » est celle qui est le plus haut dans le schéma, car la plus complexe à mobiliser. En effet, je crois qu’elle nécessite compétences, littératie ET culture numérique, avant de pouvoir être réellement mobilisée.
Charte pour l’éducation à la culture et à la citoyenneté numériques

Fruit d’un travail entre plusieurs acteurs publics (MEN, CNIL, CLEMI, ARCOM, CANOPÉ), puis ouverte à une notable ouverture aux contributions (dont la mienne), la Charte pour l’éducation à la culture et à la citoyenneté numérique est désormais publiée. Un nouvel appel à contribution (date limite au 31 mars) permet de recueillir les besoins du terrain pour co-construire un futur espace de ressources.
Éducation numérique – Canton de Vaud

Via Yann Boudic. Dans le canton de Vaud, « l’éducation numérique inclut la science informatique, l’utilisation active des outils, ainsi que l’éducation aux médias. Les connaissances à acquérir, les objectifs d’apprentissage, les contenus et les niveaux de maîtrise attendus sont en cours d’élaboration par des groupes de travail qui réunissent divers acteurs de l’éducation. »
L’Éducation numérique – Plan d’étude roman
« Trois axes interdépendants composent l’Éducation numérique : Médias, Science informatique et Usages. Ces trois axes sont travaillés conjointement pour développer les compétences des élèves, au service d’une culture numérique et d’une citoyenneté numérique. »

À noter dans ce schéma que je ne retrouve pas ma dimension « Pouvoir d’agir » qui permet d’être pleinement citoyen dans sa participation aux choix technologiques (et pas seulement un citoyen qui fait preuve de civisme et qui se comporte correctement dans le champ numérique).