Avec un peu de retard, je rends à mon tour hommage à Aaron Swartz, « the internet’s own boy ». Du très émouvant documentaire tiré de sa trop courte vie, et partagé en libre accès, je retiens deux passages qui m’ont particulièrement marqué.
À 21:00, Aaron compare les limitations des « vieux systèmes de diffusion », radio et télévisions, qui proposent des centaines, des milliers de chaînes seulement, et Internet, où chacun peut avoir sa propre chaîne : un blog, une page Myspace. Visionnaire, il évoque déjà, en 2007, le risque de centralisation des gatekeepers : qui contrôle l’accès aux contenus ? Qui décide de qui voit quoi, et rencontre qui ? Tout le monde peut s’exprimer, mais qui sera entendu ?
À 1:23:00, dans l’une des dernières interviews d’Aaron Swartz, un journaliste lui demande comment il envisage la suite des luttes pour le web. Il répond du tac au tac, et non sans malice « It’s up to you » ! Avant de poursuivre sur une vision d’internet et du web en mode pharmakon. Le côté pile, avec la possibilité de partager de la connaissance, de s’exprimer librement. Le côté face, avec les technologies de surveillance, la centralisation, la répression, le contrôle de l’information. Pour Aaron, ces deux perspectives ne peuvent que coexister, mais il nous appartient de faire peser la balance d’un côté ou d’un autre.
À nous de poursuivre cette lutte, qui n’est surtout pas qu’une lutte technologique, mais bien une lutte économique, politique et philosophique. RIP Aaron, et merci.