I have translated this article in english, you can find it here.
Ça y est. J’ai décidé de quitter Twitter. Je vous arrête tout de suite, ce n’est pas une décision prise sur un « coup de tête », parce que Elon Musk a fini par « libérer l’oiseau »1. Mais la concrétisation d’une réflexion qui a duré plus d’un an2, et s’est matérialisée par la mise en place il y a six mois d’une stratégie3 visant à réduire progressivement ma dépendance.
J’ai déjà exposé les raisons de mon départ dans les deux précédents articles cités à l’instant, et elles n’ont pas changé. La concrétisation de l’achat de Twitter par Musk agit comme une étincelle, la goutte d’eau qui fait déborder le vase, ou simplement comme un prétexte. Choisissez celui que vous préférez. Peu importe, car les symboles, je crois que cela compte. C’est aussi un geste politique, contre une énième escalade dans la privatisation de l’espace public numérique. C’est enfin une opportunité de fissurer de nouveau le mur de l’effet réseau4, pour créer une ouverture vers des alternatives numériques plus conviviales, décentralisées et démocratiques. Comme Mastodon et les autres logiciels du Fédivers.
Même si je n’ai jamais adoré Twitter, le quitter n’est pourtant pas un choix facile ou anodin. Je vais rapidement en exposer les raisons. Puis partager avec vous les arguments, plus nombreux, qui me convainquent que c’est la seule chose à faire.
Pourquoi est-ce si difficile ?
Ce n’est pas anodin pour moi de quitter un réseau social comme Twitter. C’est même un choix vraiment difficile. Mais pourquoi ?
D’abord, comme travailleur indépendant, Twitter est une surface de visibilité non négligeable pour trouver de nouveaux partenaires et clients. Même s’il faut préciser qu’il est très difficile de mesurer le retour sur investissement réel de cette plateforme. À moins de se barder d’outils marketing. Est-ce que le jeu en vaut la chandelle ? Non. Voilà.
Ensuite, comme créateur de contenus, Twitter est la 3ème source de visites sur mon site. Cela représente près de 10% de la totalité sur une année. Ce n’est pas hégémonique, mais pas rien non plus.
Enfin, comme citoyen et militant, Twitter est théoriquement un espace de discussion ouvert, où il est possible d’aller à la rencontre d’autres opinions, d’autres convictions, et de sortir de son entre-soi. Aujourd’hui, je suis personnellement convaincu que cette promesse est très largement mensongère.
Plusieurs manières de « quitter » Twitter
J’ai demandé à mes relations ce qu’elles pensaient de deux options me permettant de ne plus m’investir dans Twitter.

La première serait de fermer mon compte, une bonne fois pour toutes. La seconde, plus douce, serait de transformer mon compte en un « bot » qui partagerait automatiquement ma veille et mes articles.
Sur une quarantaine de votes, la préférence est nettement allée pour pérenniser mon compte en un bot de partage de veille et d’articles. Merci pour cette reconnaissance de mon travail. Il est gratifiant de savoir qu’il est utile à certain⋅e⋅s (d’autant plus qu’il n’est pas rémunéré).
Pour autant, et après avoir tourné les deux options dans tous les sens, j’en suis arrivé à la conclusion qu’il était temps de choisir mon camp. Que je ne pouvais pas en même temps rester sur Twitter et le dénoncer. Inciter les internautes à passer sur Mastodon, tout en ne leur donnant aucune raison de le faire par ma présence même sur Twitter.
Il est temps de choisir son camp
Alors, j’ai choisi. D’être cohérent, d’abord, et de quitter un réseau social toxique5 pour le remplacer par une alternative plus éthique, conviviale, ouverte, bien qu’imparfaite. Elle existe, c’est Mastodon. Pour casser véritablement l’effet réseau qui profite aujourd’hui à Twitter et nous y enchaîne contre toute logique, il faut que ce nouveau réseau devienne de plus en plus séduisant par rapport à l’ancien. Donc que son nombre d’utilisateurs s’accroisse, mais également qu’il soit exclusif. Jusqu’à la bascule.
On pourra me rétorquer qu’il faut être présent sur Twitter, précisément pour convaincre les non-convaincus, aller chercher le débat, ne pas finir dans l’entre-soi. Je m’inscris en faux de ces arguments. D’abord, je crois profondément que l’on ne convainc plus grand monde sur un réseau social comme Twitter. Ce dernier n’est simplement pas designé pour cela. Les limites de caractère, la nature des fonctions retweet et j’aime, l’algorithme, etc. Tout est fait pour viraliser le clash plutôt que valoriser l’échange constructif et apaisé. Ce n’est pas prêt de s’arranger, et ça peut empirer.
Quant à l’argument de l’entre-soi, il ne me semble pas non plus recevable. L’entre-soi communautaire, politique ou affinitaire a toujours existé dans l’espace public physique. Croire que les plateformes numériques peuvent créer des espaces dans lesquels s’entremêlent harmonieusement différentes communautés est un doux rêve dont je pense qu’il faut se réveiller. Même au sein de Twitter, chaque communauté constitue un entre-soi (les journalistes, les écolos, les geeks, les profs, etc.). Ceux qui en sortent sont bien rares, et bien souvent des militants radicaux ou des trolls en mission.
Conclusion pratique
Je suis assez fier d’avoir réussi à faire basculer la plupart de mes amis et la totalité de ma famille sur Signal. Vous savez comment j’ai fait ? J’ai simplement quitté Whatsapp, et fait un chantage affectif à ma famille et amis. Ça a marché. Alors je retente le coup avec Twitter. Qui m’aime me suive [via mon flux RSS, ma newsletter, sur Mastodon, etc.] !
Je vais donc fermer progressivement mon compte Twitter. Dès aujourd’hui, ce compte va devenir un bot de partage de ma veille et articles. Le 31 décembre 2022 (bonne résolution 2023), mon compte sera définitivement supprimé.
Pour continuer à me suivre, vous avez plusieurs options que je rassemble dans une page dédiée :
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des mohicansde mes réseaux sociaux.
Je suis conscient que ces moyens de me suivre demandent un effort supplémentaire. Je ne vous le demanderais pas si je ne croyais pas que le jeu en valait la chandelle. Nous avons besoin de créer des liens plus complexes que sur des réseaux sociaux où un follow ou un RT suffisent. Nous méritons mieux qu’une infomédiation par le biais d’algorithmes opaques.
Vous n’avez pas besoin de me suivre pour me contacter, et revenir de temps en temps sur ce site. Ainsi, vous pourrez prendre des nouvelles et lire des articles, fouiller dans des ressources, butiner, explorer. C’est ça, le web.
Merci beaucoup, vraiment ! Au plaisir de se suivre et de créer du lien sur des plateformes numériques qui nous respectent. Au revoir en musique 🎵 🎶
Quelques articles inspirationnels
Si vous aussi, vous quittez Twitter et avez écrit à ce sujet, je peux vous afficher ici 😉
- Bye Bye Twitter – so long, and thanks for all the fish !
- La légèreté d’un monde sans Twitter
- Twitter, Mastodon ? Quel choix de réseau social aujourd’hui ?
- Goodbye Twitter: all in on the Fediverse
- Why I deleted my Twitter, and why maybe you should too
- How to Leave Dying Social Media Platforms
- Syndicating Posts from Your Personal Website to Twitter and Mastodon
- Arrêtez de me suivre sur les réseaux sociaux
Notes de bas de page
- Au terme d’une saga interminable soit dit en passant.
- Lire l’article L’indépendant et les réseaux sociaux
- Lire l’article Je vais délaisser Twitter (et rationner le reste)
- Comprendre l’effet de réseau
- Par son modèle économique, son design, son idéologie