Dans cet article, je voudrais vous parler d’un sujet qui représente déjà une souffrance dans la vie personnelle et professionnelle de beaucoup de gens, mais qui se révèle être particulièrement handicapant pour les freelances : il s’agit du syndrome de l’imposteur.
Selon Wikipedia, “les personnes atteintes du syndrome de l’imposteur, appelé aussi syndrome de l’autodidacte, expriment une forme de doute maladif qui consiste essentiellement à nier la propriété de tout accomplissement personnel.”
Syndrome de l’imposteur
Dit autrement, il s’agit d’un état qui consiste à minimiser ses compétences, ses réussites, sa valeur, ou en tout cas d’avoir du mal à l’identifier et à la valoriser.
J’ai été surpris de découvrir en écrivant cet article que ce phénomène touche la majorité des gens, puisque de 60 à 70% des personnes douteraient à un moment ou un autre de leur légitimité. Je ne pensais pas que le pourcentage était si élevé. J’imagine que la minorité confiante suffit à donner la fausse impression que la confiance en soi est un phénomène majoritaire.
Se sentir “imposteur” dans une entreprise
Se sentir “imposteur” dans une entreprise n’est pas une chose aisée, mais normalement, un bon manager sait reconnaître et valoriser les réussites, les bonnes idées, les moments de dépassement. De la même manière, les collègues peuvent jouer ce rôle essentiel de satisfaction du besoin de reconnaissance.
Au passage, c’est d’ailleurs pour ça que je pense qu’il est si important de savoir féliciter ses collègues, ses collaborateurs, mais aussi son responsable lorsqu’une situation le permet. Un de nos biais cognitifs les plus puissants est le biais de négativité, qui a la fâcheuse tendance à nous faire nous attarder sur ce qui est négatif et pas sur ce qui est positif. Il faut donc lutter au maximum contre ce biais en valorisant tout ce qui est positif, et pas seulement ce qui est négatif (et qui peut être un outil d’apprentissage en soi si l’on s’en donne les moyens). Cela vaut aussi dans ses relations personnelles.
Tout ça pour dire que dans une entreprise, on n’est pas tout seul pour s’évaluer. Et la promotion interne se base sur l’existant au sein de l’entreprise. On a des éléments quantifiables, des réussites qu’on peut lister. Autant de moyens de lutter contre le syndrome de l’imposteur et de pouvoir évoluer. (voir aussi mon article sur les avantages et inconvénients du freelance où je mentionne déjà la notion de plan de carrière).

Le syndrome de l’imposteur pour un freelance : la double peine
Lorsqu’on est freelance, on travaille souvent seul, et sans autre patron que soi-même. Il n’y a donc personne pour nous aider à nous positionner, à évaluer nos zones d’expertise, à nous valoriser.
Comme je l’ai évoqué dans d’autres articles de ma série freelance, un freelance, quel que soit son domaine d’activité, doit savoir se vendre. Sans cela, pas de client, donc pas d’activité. Le freelance qui souffre du syndrome de l’imposteur se trouve dans une situation délicate puisqu’il doit précisément mettre en avant ses qualités, ses compétences, ses expériences, pour obtenir de nouveaux clients. Sauf quelques cas exceptionnels (on revient à nos consultants stars), les gens ne vous connaissent pas, ils n’ont pas de vision sur ce que vous avez fait, ils “n’achèteront” que ce qu’ils verront et entendront. Vous devrez donc les convaincre.
Comment lutter contre le syndrome de l’imposteur du freelance ?
Voici quelques conseils que je peux donner à des freelances (mais cela fonctionne souvent pour tout le monde) qui souffrent de ce syndrome :
Formalisez tout : formalisez par écrit vos expériences, vos compétences, vos expertises, soyez précis. Créer un site web, ou une page LinkedIn détaillée est un excellent moyen de vous forcer à formaliser ce que vous êtes, ce que vous faites. C’est en formalisant que vous finirez par obtenir les “preuves” de votre valeur. Et il vous suffira ensuite de réutiliser ces preuves avec vos clients.
Travaillez à fond votre “proposition de valeur” : en général, la proposition de valeur, c’est votre expertise : marketing, community management, design, etc. Travaillez à fond la ou les expertises que vous voulez mettre en scène. Au début, limitez-vous à une, deux ou trois expertises. En face de chacune d’entre elles, listez toutes les expériences et réalisations qui donnent du crédit à vos expertises. Vous gagnez en confiance !
Mettez en scène vos réalisations : dites-vous toujours que votre client ne vous connait pas. Bien souvent, il a besoin de se projeter. Alors, montrez ce que vous avez fait, faites des comparatifs avant/après (par exemple pour une refonte de site web ou de flyer), ayez des photos sous la main, des chiffres clés, des témoignages, etc. Là aussi, un site permet cette mise en scène.
L’exemple de ce site
Pour le coup, vous pouvez vous inspirer de mon site, puisque j’y applique absolument tous ces conseils. J’y ai passé, et y passe encore beaucoup de temps, pas tant pour l’audience qu’il génère (elle reste très modeste), mais surtout parce que c’est ce qui me force à faire ce travail essentiel de formalisation, de mise en avant de ma proposition de valeur, de mise en scène de mes réalisations. Le simple fait de le voir grossir me rassure et me rend plus sûr de moi.
Concrètement, ça veut dire par exemple :
- Dédier une page à mes prestations. Je n’en suis pas encore 100% satisfait, c’est toujours en chantier
- Mettre en avant les résultats du Carrefour de l’innovation pédagogique que j’ai réalisé pour Weyou
- Partager les supports des cours que je réalise par exemple pour l’ILERI (aussi par adhésion aux logiques du partage et des communs).
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